Christophe Cazenove : C’est une série un peu à part, car William s’inspire ici de ses véritables filles. Pour chaque album, il me propose un thème, et c’est ensuite plus facile pour moi d’imaginer des gags.

William Maury : C’est vrai qu’il faut sans cesse se renouveler ! Il n’y a pas vraiment de règle. Parfois, je regarde mes albums photos et un petit détail m’inspire pour le thème de l’album. Je le propose ensuite à Christophe. Pour ce tome 17, une nuit, j’ai pensé à l’expression « dans tes rêves », ce fut le déclic pour cet album.

WM : Je rêve toutes les nuits. Et je me souviens que les filles me racontaient aussi leurs rêves au petit déjeuner. Elles ont aujourd’hui plus les pieds sur terre que moi et me disent d’ailleurs que je suis souvent dans ma bulle, je perds souvent le fil des conversations.

CC : Je ne me souviens pas beaucoup de mes rêves, mais je suis aussi un grand rêveur de jour. Mes idées me viennent plutôt chez moi ou dans le train. J’ai besoin de penser à des situations précises pour imaginer un gag.

CC : Nous sommes vraiment gâtés, je ne peux rêver meilleure destinée. J’aimerais simplement que l’on continue à se faire plaisir encore longtemps, nourris de cette même amitié. Ce serait bien d’arriver à mener la série aussi loin que possible, en s’amusant, sans trahir l’esprit des Sisters, mais sans tomber non plus dans la série vieillissante qui ne parle qu’aux auteurs et plus aux lecteurs. C’est la peur de tous les auteurs !

WM : Une adaptation au cinéma serait sympa. Je trouve que le film « Les Profs » tire son épingle du jeu.

CC : Il est bien difficile de traduire l’esprit des « gags à la page » au cinéma. Personnellement, je rêve davantage de bande dessinée.

WM : Nous avons déjà été très chanceux d’avoir le droit à deux saisons, c’est assez rare dans les adaptations de BD à l’écran. Quant aux produits dérivés, c’est la folie. Les jeux vidéo, de plateau et de cartes sont vraiment drôles. Il y a aussi l’escape book, le journal intime, le magazine… Une boîte à musique est même en développement. Cela fait quinze ans que je me pince pour y croire ! Je sais ce que c’est que de voir son album partir au pilon faute d’acheteurs. J’apprécie d’autant plus ma chance.

WM : On verra pour le prochain volume, mais j’ai déjà une idée pour le tome 19 ! Dans ma vie réelle, je me prépare à déménager. La série étant inspirée de ma vie familiale, je ne me vois pas passer à côté de cet événement. Mais il faut attendre un peu…

CC : Si William change de canapé, Les Sisters changent de canapé ! Je le taquine souvent là-dessus, mais c’est un peu vrai : quand William a fait des travaux dans sa cuisine, Les Sisters aussi. On n’ira pas jusqu’à dire que cette série relève de la BD documentaire…

WM : Je suis un fan inconditionnel de Calvin et Hobbes. D’ailleurs, on peut s’amuser à les retrouver planqués dans les arrière-plans des Sisters. J’aime aussi beaucoup les comics, Lanfeust et Gaston Lagaffe, que l’on peut apercevoir également dans un album. J’adore les aventures de Rahan ou encore tout Gotlib, génie du mouvement.

CC : J’ai appris à lire avec Astérix, Boule et Bill, Achille Talon… J’ai grandi avec les gros nez de la BD franco-belge ! Je reste aussi un inconditionnel de Pierre Seron (Les Petits Hommes) et Raoul Cauvin (Les tuniques bleues, Les femmes en blanc).

CC : Je ne suis pas très fort en conseils ! Naïvement, j’ai toujours voulu créer des BD et j’ai appris sur le tas. À titre personnel, pour bien créer, j’ai besoin de rire avec mes collaborateurs. C’est le cas avec William et toute l’équipe de Bamboo : on se marre tout le temps !