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Rencontre avec Domas, le dessinateur de la bande dessinée Fred !

27/12
Rencontre avec Domas, le dessinateur de la bande dessinée Fred !
A l'occasion de la sortie de notre nouveauté Fred, découvrez l'interview du dessinateur Domas ! 
 
Qui est Fred, le héros de cet album ?
Fred était un illustrateur et dessinateur de bande dessinée, membre du jury du concours de BD de L’Hippocampe. C’est grâce à ce concours qu’il avait pu modifier le cours de sa vie, puisque Fred était lui-même en situation de handicap, et que rien ne l’avait amené à envisager de faire du dessin son métier. Au départ résident d’un ESAT Menuiserie – un ESAT est un établissement ou un service d’aide par le travail, destiné à un public en situation de handicap –, ses victoires successives au concours de L’Hippocampe l’ont conduit à intégrer l’ESAT Arts graphiques d’Angoulême, parmi les auteurs confirmés de l’Atelier du Marquis. Il y a appris un métier mais, surtout, il s’y est émancipé. Il a vécu dix ans dans un tissu social qui le reconnaissait, et où il se sentait respecté et aimé pour ce qu’il était : un artiste, un homme bon et un héros du quotidien, puisqu’il a su se dépasser...
 
Vous semblez avoir été très proche de lui...
Tous les gens qui côtoyaient Fred s’en sentaient proches. Il créait une proximité immédiate, par sa douceur et son sourire. Nous, les auteurs, ne le voyions qu’une paire de fois par an, à l’exception de Pilau, qui l’encadrait à l’ESAT et partageait donc beaucoup avec lui. Mais nous échangions souvent via les réseaux sociaux. Durant les derniers mois de sa vie, nous avons organisé des événements pour soutenir Fred. Cela nous a effectivement rapprochés... Cet album est justement un de ces événements que nous lui proposions. S’il n’en a pas vu la fin, il a pu néanmoins lire les premières pages. Plus qu’un hommage, je pense qu’il y a vu une reconnaissance. De son travail, de sa vie, et de la valeur des deux. Quant à nous, c’est la vie de Fred qui nous a impressionnés. Son courage, sa ténacité, sa simplicité : c’est tout cela que nous avons voulu exprimer. Une belle leçon de vie !
 
Vous aviez déjà été aux commandes d’une bande dessinée intitulée L’Hippocampe raconte ses lauréats BD, publiée par Bamboo voici quelques années. Depuis quand et pourquoi avez-vous choisi de vous impliquer dans cette association ?
Comme la plupart des auteurs membres du jury, c’est le fruit d’une rencontre avec Mireille Malot ! Il y a une dizaine d’années, Olivier Jouvray, membre du jury, m’a demandé si je pouvais accompagner Mireille pour remettre un prix Hippocampe à un ESAT. Il n’avait pas été possible d’envoyer un représentant à Angoulême pour le recevoir en main propre lors de la cérémonie de remise des prix. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Mireille, et j’ai immédiatement été conquis par son énergie. Il m’a semblé évident de rejoindre son association, via le jury du concours BD, quand elle me l’a proposé. Plus personnellement, j’étais déjà sensibilisé à ces questions et à la nécessité d’agir pour favoriser l’accès des personnes handicapées à toutes les possibilités qu’offre notre société... aux valides. Ensuite, une fois que l’on s’engage dans cette démarche, on ne peut que s’investir plus. Parce que la demande est énorme, bien sûr, mais surtout parce que le plaisir et l’énergie qui résultent de tout cela donnent une force énorme. L’Hippocampe est un groupe, un réseau et, ensemble, nous nous soutenons.
 
Comment est perçu le handicap dans le milieu de la bande dessinée ?
Je dirais qu’il est perçu comme dans le reste de la société. Le handicap, comme nous le racontons dans l’album, n’empêche pas le talent. Je connais d’ailleurs quelques auteurs professionnels porteurs de handicaps. Certains orientent leurs histoires sur leur particularité ; d’autres sont dans des récits complètement indépendants de leur situation. En termes de récit, le handicap est peu présent dans le paysage éditorial. Et quand il est mis en scène, c’est pour être son propre sujet. Il est très rare de voir des personnages handicapés qui ne sont que des personnages lambda, pour lesquels le handicap ne va pas être une des composantes motrices du scénario.
 
Comment peut-on améliorer la situation ?
Humainement, il faut favoriser l’accompagnement des personnes handicapées dans leurs parcours professionnels. Cela passe par des initiatives comme l’ESAT Arts graphiques, mais aussi plus simplement par l’ouverture des ateliers de BD à des résidents en situation de handicap, que ce soit pour un stage, une résidence temporaire ou permanente... Artistiquement, il faut représenter le handicap dans nos récits ; pas comme élément principal de l’intrigue, mais comme composante de l’univers de notre histoire. Il est indispensable que chaque personne, et a fortiori celles en situation de handicap, puisse se voir représentée dans notre paysage culturel. Puisse exister, tout simplement

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